L'abbé François Dedieu, curé des paroisses Saint-Urbain de La Garennes-Colombes et Sainte-Marie-des-Vallées à Colombes est intervenu en septembre dernier lors de notre Université d'été, le rendez-vous annuel des coachs Talenthéo. Nous vous partageons un résumé de son intervention sur son mémoire de master de théologie pastorale avec l'université Domuni (domuni.eu) consacré à « La figure du curé comme "pasteur propre" de la paroisse et les conséquences sur sa stabilité ». Ce mémoire a été édité chez Artège sous le titre "Curé à Durée Indéterminée".
Pour bien accompagner un curé, il faut comprendre ce qu’il est : le pasteur propre de la paroisse. Mais il est difficile de parler du curé comme pasteur propre de la paroisse sans comprendre d’abord ce qu’est la paroisse. Sans paroisse, il n’y a pas de curé. Même s’il est vrai aussi que, sauf exception, sans curé, il n’y a pas de paroisse.
« La paroisse est la communauté précise de fidèles qui est constituée d’une manière stable dans l’Église particulière, et dont la charge pastorale est confiée au curé, comme à son pasteur propre, sous l’autorité de l’Évêque diocésain. »
Comme le dit le Concile Vatican II, « d’une certaine manière, [les paroisses] représentent l’Église visible établie dans l’univers »[1]. Bien sûr, à la différence du diocèse qui est une manifestation complète de l’Église universelle, la paroisse en est une manifestation incomplète au niveau local, toute relative à l’évêque et en sa dépendance. Elle n’est une cellule vivante que quand elle est reliée au corps diocésain. La paroisse est l’Église qui se rassemble en une communauté locale pour l’Eucharistie et qui est envoyée pour la mission sur le territoire qui la définit, quand elle est territoriale comme c’est le plus souvent le cas. Le Concile Vatican II n’a pas donné de définition de la paroisse. Le Code de droit canonique de 1983 en donne une nouvelle qui s’appuie sur un double principe communautaire et pastoral (dans un sens hiérarchique) : « La paroisse est la communauté précise de fidèles qui est constituée d’une manière stable dans l’Église particulière, et dont la charge pastorale est confiée au curé, comme à son pasteur propre, sous l’autorité de l’Évêque diocésain. »[1]
À travers les pasteurs qu’il donne à son Église, Dieu continue de conduire son troupeau. Pasteur propre de la paroisse, comme l’évêque l’est du diocèse, le curé s’inscrit dans une succession dont il doit se montrer digne, avec souvent des figures exemplaires et marquantes avant lui. Il est donné à sa paroisse, à un moment de son histoire, pour la conduire et faire d’elle une communauté eucharistique et missionnaire, vivant en ce monde comme étrangère et de passage, en chemin vers le Ciel.
« C’est en son nom propre qu’il gouverne sa paroisse, agissant au nom du Christ le Vrai Pasteur. Il n’agit pas au nom de son évêque, même s’il est nécessairement en communion avec lui et sous son autorité. »
C’est en son nom propre qu’il gouverne sa paroisse, agissant au nom du Christ le Vrai Pasteur. Il n’agit pas au nom de son évêque, même s’il est nécessairement en communion avec lui et sous son autorité. Il ne cherche pas non plus à imiter ses prédécesseurs. Il poursuit l’œuvre qu’ils ont réalisée, tout en agissant de manière singulière, selon ce qu’il est et les impulsions que lui donne le Paraclet. Il agit avec ses charismes et compose avec ceux que l’Esprit Saint a accordés aux paroissiens dont il est le pasteur au nom du Christ et qu’il apprend continuellement à connaître. Époux et père, il engendre à la Vie éternelle ceux que le Seigneur appelle au baptême dans sa communauté et qui agrandissent l’Église représentée de manière visible par sa paroisse.
« Notre regard sur le curé est faussé par une pratique largement répandue en France aujourd’hui, malgré les rappels répétés de l’Église quand à sa nécessaire stabilité : la nomination des curés pour un temps déterminé. »
Notre regard sur le curé est faussé par une pratique largement répandue en France aujourd’hui, malgré les rappels répétés de l’Église quand à sa nécessaire stabilité[3] : la nomination des curés pour un temps déterminé. Ce qui devait être une exception est devenu une règle, au point que le curé risque d’apparaître comme quelqu’un qui passe, comme un administrateur temporaire d’une communauté qui, elle, est stable, et non comme le bon pasteur qui donne sa vie pour ses brebis. Cette question se pose pour beaucoup de pasteurs qui ont vécu une conversion pastorale avec leur communauté. Avec un regard avant tout pastoral, des figures comme Rick Warren ou James Mallon soulignent eux aussi la nécessaire stabilité du pasteur, car la mobilité programmée des pasteurs est trop souvent, à moyen terme, la garantie d’un immobilisme pastoral de la paroisse.
Dans la perspective de la conversion pastorale et missionnaire des paroisses voulue par le Pape François, il importe de comprendre que le curé en est le pasteur propre.
[1] Concile Vatican II. Constitution Sacrosanctum Concilium, n°42. [2] CIC 515§1. [3] La Congrégation pour le Clergé le rappelle dans son instruction du 29 juin 2020. Congrégation pour le Clergé, La conversion pastorale de la communauté paroissiale au service de la mission évangélisatrice de l’Église.
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