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La Croix-Dans le diocèse de Rouen, construire une culture de l’écoute pour lutter contre les abus

42 prêtres du diocèse de Rouen suivront, mardi 9 et mercredi 10 mars, une session de formation dans le but de lutter contre les abus. Parmi les priorités : développer un climat d’écoute au sein de l’Église.


Article paru dans La Croix par Youna Rivallain Publié le 09/3/2021 à 06h34


À quelques heures du début de la session de formation, le vicaire général du diocèse de Rouen, le père Alexandre Gérault, est un peu stressé. « C’est un grand moment dans la vie du presbyterium. Il ne faut pas se rater. » Contre la culture du silence, apprendre à écouter, identifier et comprendre les processus conduisant aux abus : c’est le but de la session de formation à laquelle assisteront les prêtres du diocèse de Rouen, les 9 et 10 mars au sanctuaire de Montligeon. C’est la deuxième et avant-dernière étape d’un parcours diocésain visant à lutter contre les abus.


« Le but de cette session est double, prévient le vicaire général. Il s’agit de décrypter comment se met en place le processus des abus afin de les éviter au sein de l’Église, mais aussi de lever les freins à l’écoute des victimes, pour accueillir leur témoignage difficile à entendre. » Le père Alexandre Gérault insiste notamment sur la vigilance des prêtres envers leurs confrères, pour identifier les signes avant-coureurs des futurs abus et intervenir auprès d’un autre prêtre pour l’aider à se ressaisir. « Certaines situations, comme les abus de pouvoir, de conscience, la manipulation, peuvent attirer l’attention. Il s’agit pour les prêtres du diocèse de savoir intervenir avant une éventuelle agression, dans la correction fraternelle. »


Pour l’archevêque de Rouen, Mgr Dominique Lebrun, il est essentiel de remettre l’écoute au centre de la vie ecclésiale : « Cette culture de l’écoute est primordiale pour lutter contre la tentation de l’abus. Pour prévenir d’éventuels comportements déviants, il est important que les prêtres ne soient pas seuls », souligne-t-il. Il y a cinq ans, en 2016, le diocèse s’était associé à celui d’Évreux pour mettre en place une cellule d’écoute sur les abus sexuels dans l’Église. À ce jour, sept victimes se sont manifestées.


Un des enjeux de cette formation est également l’accompagnement des victimes, abusées au sein ou en dehors de l’Église. Une d’entre elles, Véronique Garnier, témoignera de ce qu’elle a vécu et du chemin de foi qu’elle a pu emprunter par la suite. « Nous voulons montrer qu’après un abus, il peut y avoir un chemin d’espérance sur lequel les pasteurs sont invités à accompagner les victimes, les aider à se reconstruire », explique le père Alexandre Gérault.


La deuxième étape d’un parcours de lutte contre les abus


Cette session à Notre-Dame de Montligeon s’inscrit dans un parcours en trois étapes. «La première étape était une méditation envoyée cet été aux prêtres du diocèse, articulée autour de l’exercice du ministère de prêtre selon les différents âges de la vie. Cette méditation abordait les difficultés que pouvait rencontrer le clergé, pour les encourager à rechoisir l’appel de Dieu», raconte le vicaire général. La dernière étape devrait, à l’automne prochain, étudier les enjeux spirituels des abus.


Ce parcours a été imaginé par le bureau du conseil presbytéral, deux coachs chrétiens du réseau Talentheo et la commission de prévention contre les abus et du développement de la culture de « bien traitance ». Cette dernière a été créée à la demande de Mgr Lebrun à la suite de la Lettre au peuple de Dieu publiée par le pape François à la fin de l’été 2018. La commission de prévention contre les abus est constituée du père Gérault et de laïcs choisis pour leurs compétences professionnelles et leur engagement dans l’Église : des pères et mères de famille, des professionnels de santé, un ancien procureur de la République, une directrice d’établissement catholique…


À l’issue de la session, le travail de formation devrait se poursuivre et déboucher sur la rédaction de recommandations élaborées pour et par les prêtres du diocèse de Rouen. Celles-ci se feront en lien avec les préconisations futures de la commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (CIASE), qui devraient être rendues publiques le 30 septembre prochain. D’après Mgr Lebrun, il importe de développer une culture de la « bien traitance », « pour que l’Église soit véritablement une maison sûre et charitable, aimant d’un amour vrai », explique-t-il.




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